Pourquoi lire des livres courts ?
Il peut y avoir tout un tas de raisons pour lire des livres courts :
- peut-être que c’est un bon moyen pour certaines personnes de se mettre ou de se remettre à la lecture.
- ou peut-être qu’on veut lire, mais qu’on a peu de temps à accorder à la lecture. Quand on travaille et qu’on a une famille, ça peut être difficile. Alors les livres courts, qu’on peut lire en une soirée, ou dans les trajets en métro, ou encore en attendant un rendez-vous médical, c’est parfait !
- ça peut être une bonne entrée en matière dans l’œuvre d’un auteur ou d’une autrice classique. Commencer par un de leurs livres peut-être moins connus, mais parfois plus accessibles.
- peut-être qu’on cherche simplement à lire plus de livres, et plus vite. Lire des livres courts, c’est évidemment plus rapide que de lire des pavés. Si vous cherchez à découvrir toujours plus de livres, privilégiez les petits livres.
- ça peut-être aussi simplement parce qu’on aime les livres courts ! Moi j’adore ça ! J’aime les nouvelles, les novellas et les récits courts. Pourquoi ? J’ai remarqué que certain·es romancier·es arrivaient encore plus à me toucher quand il écrivait des histoires plus courtes. Souvent, toute la maîtrise d’un·e auteur·e est comme concentrée dans un petit livre qui devient un chef-d’œuvre !
Mes livres préférés de moins de 200 pages
Je précise que ce sont mes livres courts préférés. Je les ai tous lus, certains il y a déjà de nombreuses années et j’en ai gardé un très très bon souvenirs. Certains d’entre eux, parce qu’ils sont courts, je les relis d’ailleurs régulièrement.
J’ai préféré donné les titres de mes livres courts préférés et non pas les meilleurs livres courts parmi les classiques, parce que je voulais justement une liste différente de celles qu’on peut trouver sur internet, ou certains livres sont considérés comme des incontournables. Et pourtant, moi je ne les ai pas aimés, ou pas tant que ça. Il n’y a pas que les classiques en littérature !
Et surtout, j’ai voulu diversifier cette liste. On y trouve des romans courts, mais aussi des récits, des histoires qui s’apparentent au conte, des nouvelles, de novella (un récit court, plus long qu’une nouvelle, mais plus court qu’un roman), du nature writing…
J’ajouterai également avant de vous donner ma sélection personnelle et subjective des romans courts et autres récits de moins de 200 pages que cette liste n’est pas définitive. Je compte bien ajouter des titres au fil de mes lectures. Et si vous avez également des livres à me suggérer, n’hésitez pas à les partager avec moi en commentaire !
Quels sont les meilleurs livres courts ?
Le garçon sauvage, Paolo Cognetti
Un récit de 139 pages dans son édition de poche chez 10/18 qui raconte le temps passé par un écrivain italien qui n’est autre que l’auteur lui-même dans une baita (une petite maison d’alpage) le temps d’un été pour se ressourcer et renouer avec la montagne dans les Alpes italiennes. Un grand livre de nature writing !
Une femme, Annie Ernaux
Un de mes livres préférés de mon autrice fétiche. C’est simple, tous les livres d’Annie Ernaux ou presque sont très courts, mais magnifiques. Une femme compte 112 pages dans sa version poche chez Folio. Dans ce livre, l’autrice raconte sa mère, sa vie, qui elle était, comment elle l’a élevée, alors qu’elle vient d’apprendre l’annonce de sa mort. La honte ou Regarde les lumières mon amour, dont j’ai déjà parlé, est également très court.
Le puits, Iván Repila
Le puits est un livre très court (121 pages en poche chez 10/18) qui se lit d’une traite. Dans ce livre d’Iván Repila, à mi-chemin entre le conte et le huis-clos, deux enfants – des frères – se retrouvent bloqués au fond d’un puits. Ont-ils assez de nourriture pour survivre ? Comment vont-ils s’en sortir ? Leur mère viendra-t-elle les aider ? Je ne vous en dirai pas plus pour vous laisser la surprise.
Le vicomte pourfendu, Italo Calvino
138 pages chez Folio pour ce classique de la littérature italienne. Italo Calvino a écrit une trilogie (Les ancêtres) dont Le vicomte pourfendu est le premier livre. C’est l’histoire d’un vicomte génois qui se voit coupé en deux pendant une bataille, et qui perd la moitié de lui-même. Une réflexion très drôle et intelligente sur la question de l’identité. Je suis prêt à parier que vous voudrez continuer avec Le baron perché et Le chevalier inexistant.
Nouvelles orientales, Marguerite Yourcenar
Il s’agit de mon recueil de nouvelles préféré ! 149 pages, 10 nouvelles qui se situent en Orient (de l’Europe orientale à l’Extrême-Orient) ou traitent de thèmes orientaux. Certaines de ces nouvelles sont tout simplement magnifiques (La veuve Aphrodissia, Comment Wang-Fô fut sauvé). C’est une très bonne entrée en matière dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar !
La ferme des animaux, George Orwell
Un autre classique dont je ne pouvais pas ne pas parler. La ferme des animaux est un des meilleurs livres écrits sur la pratique du pouvoir. Dans cette fable où tous les personnages sont des animaux d’une ferme, Orwell critique en 160 pages l’accaparation des pouvoirs par une élite après une révolution.
Les enfants verts, Olga Tokarczuk
C’est l’un des derniers livres de cette liste que j’ai lu. Je voulais découvrir l’œuvre de l’autrice prix Nobel de littérature 2018 avec un petit livre (88 pages chez La contre allée) et quelle entrée en matière ! Un conte drôle et étrange sur le médecin français d’un roi polonais et sa rencontre avec des enfants atteints de plica polonica.
Le malheur indifférent, Peter Handke
J’ai aussi voulu lire un livre du prix Nobel de littérature 2019. J’ai choisi Le malheur indifférent parce qu’Édouard Louis le mentionnait à la fin de Qui a tué mon père. Encore une fois, un livre court (122 pages chez Folio) dans lequel l’auteur revient sur la vie de sa mère. C’est touchant, poignant et ça fait réfléchir. Évidemment, c’est très bien écrit.
Le joueur d’échecs, Stefan Zweig
On reste dans la littérature autrichienne avec l’un des auteurs de récits courts les plus lus au monde. Stefan Zweig est un maître du genre et Le joueur d’échecs (128 pages chez Le livre de poche) est mon livre préféré de lui. C’est une fable fantastique qui nous entraîne dans un duel d’échecs haletant sur un paquebot.
La montagne vivante, Nan Shepherd
Il n’y a pas qu’en matière de fiction qu’on trouve de bons livres courts. La montagne vivante a été l’un de mes coups de cœur de 2019 ! En 128 pages chez Christian Bourgois, c’est un récit de nature writing où l’autrice écossaise nous raconte et décrit les Cairngorms. Et c’est sublime !
Passing, Nella Larsen
Je garde le titre anglais (que je trouve bien mieux) parce qu’il a été publié sous deux titres différents en français : Passer la ligne et Clair-obscur. Nella Larsen était une autrice afro-américaine qui a publié ce livre en 1929. Il traite de la pratique du passing : le fait pour certaines personnes noires de se faire passer pour des Blancs. Ce court récit de 122 pages mérite d’être davantage connu !
Thérèse et Isabelle, Violette Leduc
Quelle écriture ! Je voulais découvrir Violette Leduc et j’ai choisi ce livre de 162 pages : j’ai adoré ! L’histoire d’une rencontre entre deux adolescentes dans un pensionnat. Elles vont tomber amoureuses et découvrir la passion et le sexe. C’est tellement beau, c’est de la véritable poésie en prose. J’ai voulu recopier des passages entiers de ce livre.
Des aveugles et Mes parents, Hervé Guibert
Ces deux livres sont quelque chose ! Des aveugles compte 128 pages, Mes parents 176 pages. Dans ce dernier, Hervé Guibert n’y va pas avec le dos de la cuiller pour nous parler de ses propres parents. Dans Des aveugles, l’auteur raconte une scène où trois personnages aveugles s’entretuent : la femme, le mari et l’amant. Ça fait froid dans le dos, mais que c’est bien écrit !
Un homme au singulier, Christopher Isherwood
C’est sans doute l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai lues. C’est triste et déchirant, mais en même temps si beau ! Vous connaissez peut-être l’adaptation (A Single Man) au cinéma par Tom Ford ? Le livre est meilleur ! En 184 pages chez Grasset, Christopher Isherwood raconte la difficulté de continuer à vivre de George après la mort de son compagnon dans un accident de la route.
L’homme qui plantait des arbres, Jean Giono
Ce livre compte 96 pages à peine, c’est pourtant l’un des plus beaux livres que j’ai lu ! Jean Giono a beaucoup écrit sur le monde qui l’entoure et notre relation à la nature. L’homme qui plantait des arbres raconte la vie d’Elzéard Bouffier, qui a passé sa vie a planter une forêt.
Un cœur simple, Gustave Flaubert
J’aime beaucoup Flaubert et Un cœur simple (publiée dans Trois Contes en 1877) est une histoire que je relis régulièrement. C’est peut-être ma préférée de Flaubert. En 41 pages à peine, il brosse le portrait d’un de mes personnages préférés tous livres confondus : celui de Félicité, une servante normande, qui vit chichement avec son perroquet.
Le corps des anges, Mathieu Riboulet
L’un de mes derniers coups de cœur. Je voulais lire Mathieu Riboulet depuis longtemps, je savais que j’allais aimer. J’ai adoré Le corps des anges. Une centaine de pages, le temps d’une rencontre entre deux jeunes hommes qui se cherchent et vont se trouver l’un dans l’autre. Si en plus on ajoute une écriture belle et touchante, des descriptions poétiques de la campagne limousine et des corps de Rémi et Gabriel, on comprend bien que ce livre avait tout pour me plaire.
Le monde est rond, Gertrude Stein
Ce tout petit livre rose (95 pages chez Cambourakis) m’a fait de l’œil en librairie. Je n’en avais jamais entendu parler, mais cela faisait un moment que je voulais lire Gertrude Stein. J’ai lu les premières pages et j’ai décidé de l’acheter sans aller plus loin. J’étais déjà entraîné par l’écriture. Et j’ai eu raison : c’est un petit bijou de poésie ! Il se lit très vite et pourtant nous questionne – et nous fait voyager longtemps après l’avoir terminé.
De nos frères blessés, Joseph Andras
Cette liste ne cesse de s’allonger au fil de mes lectures – et c’est tant mieux ! Je viens de terminer De nos frères blessés, prix Goncourt du premier roman 2016 (prix refusé par l’auteur) et quelle lecture ! Je me devais d’en parler. De nos frères blessés revient en 140 pages sur la vie, et la condamnation à mort, de Fernand Iveton. Militant communiste en Algérie, il rallie le FLN et pose en 1956 une bombe dans son usine pour provoquer une panne. Cette tentative de sabotage (la bombe n’a pas eu le temps d’exploser) lui vaudra d’être fusillé pour l’exemple, en plein début de guerre d’Algérie.
Mousse, Klaus Modick
Une pause poético-écologique. Un petit bijou de roman (137 pages). Dans la collection écofiction de Rue de l’échiquier, Mousse est le dernier sorti. C’est un roman allemand, publié en 1984, mais qui ne sort que maintenant en français. C’est l’histoire d’un botaniste célèbre qui entreprend d’écrire un nouveau livre et qui se retrouve à passer plus de temps à observer la mousse. Son livre se transforme en journal alors que lui aussi se transforme au contact de la mousse. C’est beau. C’est très beau.
Clemence 11 / 02 / 2020
Bonjour Florian, merci pour cet article avec encore une fois plein de références de qualité qui me font bien bien envie !! 😀😀
Florian 12 / 02 / 2020 — Le Dévorateur
Merci ! Si tu en lis quelques uns, n’hésite pas à revenir m’en parler !
Cathy 20 / 06 / 2020
Bonjour Florian,
Je découvre ce blog qui va bien m’être utile pour me donner des idées de lectures d’été. Merci beaucoup pour tous ces partages et conseils de lecture.
Concernant les livres courts, j’ai envie d’enrichir la liste de deux autres ouvrages :
« La longue nuit d’un repenti » de Yasmina Khadra qui se lit en 1/4 d’heure (42 pages seulement). Abou Seif rentre d’une guerre qui se termine. Ses nuits sont hantées par les horreurs, les tortures et crimes vécus. Le passé et le présent se mêlent et s’emmêlent. Un texte très court mais très fort.
Et le déconcertant « Inconnu à cette adresse » de Kathrine Kressmann Taylor. Un échange de correspondance entre deux amis allemands au début des années 30. L’un est juif, l’autre non. Une grande amitié qui au fil de leurs échanges épistolaires va se dissoudre dans la trahison. 80 pages à lire absolument.
Florian 22 / 06 / 2020 — Le Dévorateur
Merci ! Je n’ai pas encore lu Yasmina Khadra, mais je me dis que je commencerai bien par ce très court livre alors !
Pour ce qui est d’Inconnu à cette adresse, je l’avais étudié au collège ! Je l’avais complètement oublié et j’ai bien envie de m’y replonger.
Cathy 21 / 06 / 2020
Bonjour Florian ! Merci pour ce blog qui va me donner des idées de lectures pour cet été. Je ne résiste pas à l’envie de venir ajouter deux petits grains de sel à cet article.
« La longue nuit d’un repenti » de Yasmina Khadra. Un texte très court (42 pages) mais très fort.
« Inconnu à cet adresse » de Kathrine Kressmann Taylor. Un petit bijou de 80 pages complètement déroutant.
Bonne lecture si tu les lis et merci encore de nous donner envie de découvrir.
Durand 25 / 06 / 2020
Bonjour, super article avec des très beaux emplacements des fruits avec les livre ahah
Merci bcp!
Pierre Montbrand 29 / 04 / 2021
Une liste intéressante. Merci pour la référence Le malheur indifférent, Peter Handke. Peut-être rajouter Ma mère de Richard Ford et une minute de silence de Siegfried Lenz.
Florian 30 / 04 / 2021 — Le Dévorateur
Merci, je ne connaissais pas ces deux livres. Je me les note !
Claudia 21 / 09 / 2021
Bonjour et merci. Très utiles ces recommendations de livres courts pour mes étudiants de français:)