Un homme au singulier, Christopher Isherwood

Un homme au singulier est mon livre préféré de Christopher Isherwood. On y retrouve le style clair et poétique de l'auteur britannique. Et une histoire triste mais belle : celle de George, ce narrateur homosexuel, après la mort de Jim, son compagnon. Tout le génie d'Isherwood, c'est de réussir à faire en sorte que chaque lecteur et lectrice puisse s'identifier à ce personnage différent, mais tellement similaire par ses questionnements, ses difficultés.

Pourquoi lire Un homme au singulier ?

  • Le livre : le roman qui a inspiré le très beau film A Single Man de Tom Ford avec Colin Firth, Julianne Moore et Nicholas Hoult.
  • Le décor : la Californie du début des années 1960. Dans une banlieue familiale et bourgeoise de Los Angeles.
  • Le genre : c’est un roman assez classique, mais qui dénote par ses thèmes : homosexualité du narrateur, identité projetée aux autres, questions raciales.
  • Le style : l’écriture de Christopher Isherwood est très belle et dans Un homme au singulier, chaque phrase se savoure.

L’histoire

Une journée dans la vie de George, le narrateur. Celui-ci a perdu récemment son compagnon, Jim. Il continue d’aller enseigner à l’Université tous les jours. Il voit régulièrement son amie Charlotte. Il évite ses voisins, mais il présente à tout le monde le même personnage de George. En somme, il survit.

George cache des secrets. Il prétend chaque jour être quelqu’un qu’il n’est pas. Il est le George que tout le monde veut voir. Il dit ce qu’on s’attend à l’entendre dire, il agit comme il faut. Mais les choses peuvent-elles continuer ainsi ? Peut-on vivre quand on n’est pas véritablement soi-même aux yeux des autres ?

A Single Man

Comment vivre après la mort de l’être aimé ? C’est la question que pose Christopher Isherwood dans Un homme au singulier. Mais pour George c’est encore plus compliqué. Comment vivre après la mort de l’être aimé quand on ne peut pas en parler à ses collègues, ses voisins, la famille de celui-ci ?

Comment continuer ? Pourquoi se lever le matin ? Quel visage de George afficher ? Comment répondre aux voisins, aux collègues ? Au-delà de la situation particulière du narrateur et de son homosexualité en partie secrète, je pense qu’on a toutes et tous des jours où on se pose les mêmes questions.

Alors oui, lire Un homme au singulier, ça peut être un peu déprimant. Mais c’est aussi tellement beau. Parce qu’il y a des moments dans cette journée qui valent tellement la peine d’être vécus. Des retrouvailles nostalgiques, des nouvelles rencontres prometteuses.

« Walking up begins with saying am and now. That which has awoken then lies for a while staring up at the ceiling and down into itself until it has recognised I, and therefrom deduced I am, I am now. »

A Single Man, Christopher Isherwood

Réflexions sur la notion de communauté

Dans Un homme au singulier, on trouve également traitée la question des minorités et des communautés. George vit dans une banlieue bourgeoise, blanche et hétérosexuelle. Il n’est pas comme tous ses voisins : les mêmes familles traditionnelles avec mère au foyer et des enfants qui grandissent.

C’est quand il va à l’Université, en passant par Los Angeles qu’il voit d’autres quartiers. Dans sa voiture, il dit se sentir plus proche des gens qui vivent dans les quartiers noirs et latinos. Parce qu’eux non plus ne sont pas acceptés par ces familles blanches qui l’entourent.

Mais surtout à l’Université il s’interroge sur ses élèves, venus d’horizons différents. Et notamment le personnage de Lois, l’amie de Kenneth, est traité de façon intéressante dans ce roman. Parce que Lois est d’origine japonaise, et que je n’avais pas encore vu traitée dans un livre publié à cette époque la question de l’intégration des communautés asiatiques aux États-Unis.

Ce que j’en ai pensé

Connaissant déjà le film A Single Man, j’étais quasiment sûr d’aimer le livre. Et en fait j’ai adoré Un homme au singulier. On est plongé dans la même atmosphère lente et contemplative, mélancolique du film, mais traitée encore plus en profondeur. On y retrouve le style incisif et poétique de Christopher Isherwood. Mais, selon moi, dans une dimension nouvelle, qui manquait peut-être à certains de ses écrits berlinois.

L’histoire pourtant très particulière de George touche à l’universel, aux questions qu’on se pose parfois sur notre existence. Le personnage principal m’a fait pensé par certains aspects à des personnages de Virginia Woolf, ou à Mersault dans L’Étranger.

Où trouver Un homme au singulier de Christopher Isherwood ?

J’ai lu A Single Man en anglais dans l’édition Vintage Classics. Vous aurez peut-être la chance de le trouver en français chez Fayard (il a été republié en 2010, après la sortie du film) ou chez Grasset dans la collection Les cahiers rouges.

Que lire après ?

C’est l’occasion, si vous ne les connaissez pas encore, de découvrir les autres titres de Christopher Isherwood. Parmi-ceux-ci :

  • Adieu à Berlin (Berlin Stories)
  • Christopher et son monde (Christopher and his kind)
  • Mr. Norris change de train (The Last of Mr Norris)

Lire Un homme au singulier m’a aussi donné envie de lire des livres d’autres auteurs homosexuels britanniques :

  • La ligne de beauté, Alan Hollinghurst
  • Avec vue sur l’Arno, E. M. Forster
  • L’importance d’être Constant, Oscar Wilde

Un homme au singulier, Christopher Isherwood est un livre qui se passe aux États-Unis.

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