La montagne vivante, Nan Shepherd

La montagne vivante est un livre de nature writing écrit par l’autrice écossaise Nan Shepherd. Elle y décrit magnifiquement les Cairngorms, des montagnes dans le Nord-Est de l’Écosse. Les couleurs, la lumière, l’eau et la neige, les plantes, les animaux et les hommes. C’est très beau. Mais en plus, Nan Shepherd nous livre ses réflexions écologiques avant l’heure, sur la fragilité de l’inter-connectivité des écosystèmes, et celui de la montagne en particulier. Elle parle des habitants de la montagne, et aussi de ses visiteurs. Et elle nous parle de son rapport – très beau – entre elle et ses montagnes.

POURQUOI LIRE La montagne vivante ?

  • Le livre : écrit dans les années 1940, publié en 1977 au Royaume-Uni, il vient enfin d’être publié en français chez Christian Bourgois !
  • Le décor : la chaîne montagneuse des Cairngorms dans le Nord-Est de l’Écosse.
  • Le genre : c’est un livre de nature writing écrit par une femme, un fait assez rare pour être souligné !
  • Le style : Nan Shepherd décrit à merveille les couleurs, les formes et les détails de la nature qui l’environne. C’est magnifique !
  • En plus : La montagne vivante fait partie selon moi des meilleurs livres de 2019 !

L’HISTOIRE

Il n’y a pas d’histoire proprement dite dans ce livre, parce que ce n’est pas un roman. C’est un récit, celui des promenades de Nan Shepherd dans les montagnes qu’elle connaît le mieux : les Cairngorms en Écosse.

L’autrice, au cours de ses excursions dans la montagne, qui s’étalent sur plusieurs années, est attentive à la nature qui l’entoure. Elle décrit ce qu’elle voit, sent, touche, entend dans ce court livre (130 pages à peine). Elle découpe ces souvenirs, descriptions et réflexions dans de courts chapitres, consacrés à différents éléments (par exemple : L’eau, La neige, Les plantes, Les animaux, L’air et la lumière).

Un hymne à la montagne

C’est tout simplement un des plus beaux livres sur la montagne que j’ai lu pour le moment. Nan Shepherd a vécu toute sa vie près des Cairngorms et elle a fini par trouver les mots justes pour les décrire. Avec elle, on voit les montagnes, les lochs, les rivières, les plantes et les animaux. Elle décrit les couleurs et les formes avec une telle précision qu’on est avec elle pendant le temps de la lecture.

« L’eau des Cairngorms est parfaitement claire. Issue du granit, sans tourbe pour l’assombrir, elle n’a jamais cette couleur d’ambre doré, le « brun croupe-de-cheval » pour lequel les cours d’eau des Highlands sont si souvent célébrés. Si elle possède une couleur, c’est le vert, comme dans la Quoich près de sa petite chute. C’est un vert comme celui des ciels d’hiver, vif de l’eau des glaciers. Parfois dans les chutes de la Quoich, le violet joue à travers le vert et l’eau jaillit et bouillonne dans une écume violette. »

La montagne Vivante, Nan Shepherd

Mais Nan Shepherd ne fait pas que voir et décrire. Elle sent, elle entend, elle touche la montagne. Elle est imprégnée de cette atmosphère, en toute saison, que le soleil brille ou que le brouillard enveloppe tout. Et elle nous la retransmet dans des passages sublimes. L’autrice tente de nous décrire odeurs et saveurs, même s’il est difficile comme elle le dit de décrire ces choses à des gens qui ne les ont pas déjà senties ou goûtées :

« Toutes les fragrances aromatiques et entêtantes – pin et bouleau, myrte des marais, bruyère et orchis à la douceur de miel, et l’odeur propre du thym sauvage – ne signifient rien en mots. Elles sont là pour être senties. Je suis pareille aux chiens – l’odeur m’excite. Par un jour chaud et humide du milieu de l’été, j’ai humé un parfum riche et fruité qui montait du matelas d’herbes, de mousse et de buissons de baies sauvages qui couvre une grande partie du plateau. »

La montagne vivante, Nan Shepherd

Des réflexions sur les liens entre la montagne et nous

Nan Shepherd semble nous inviter par ses descriptions à visiter ces montagnes pour s’imprégner à notre tour des couleurs, des odeurs et des lumières des Cairngorms. Elle ne fait pas que décrire ses montagnes adorées, elle nous invite à réfléchir sur notre rapport avec elles et la nature en général. Elle commence par nous inviter à être plus attentif au monde qui nous entoure. À le regarder différemment :

« Par une opération aussi simple que le fait de bouger la tête, on peut faire apparaître un monde différent. Baissez la tête, ou mieux encore, détournez-la de ce que vous regardiez et baissez-vous, jambes écartées, jusqu’à ce que vous voyiez ce monde à l’envers. Comme il est devenu nouveau ! […] Les détails ne font pas partie de l’ensemble d’un tableau dont je suis le foyer, le foyer est partout. Rien ne se réfère à moi, la spectatrice. C’est ainsi que la terre doit se voir elle-même. »

La montagne Vivante, NAn Shepherd

Nan Shepherd interroge également notre rapport à la montagne. Elle est proche des gens qui y habitent (et dans le chapitre La vie : Les hommes on trouve des passages magnifiques sur ces gens de la montagne qu’elle a côtoyés) et elle comprend les gens qui la visitent. Skieurs, randonneurs, alpinistes : elle comprend leurs quêtes, parce qu’elle aussi est amoureuse de la montagne. Quand elle était plus jeune, elle aussi voulait repousser ses limites et gravir les sommets. Depuis, elle envisage son rapport à la montagne et à la nature sous un jour différent.

« Je n’étais pas intéressée par la montagne elle-même, mais par ses effets sur moi, comme le chat ne caresse pas l’homme mais lui-même contre ses jambes. Mais comme je vieillissais, et devenais moins autosuffisante, je commençai à découvrir la montagne en elle-même. Tout me devint bon, ses contours, ses couleurs, ses eaux, ses rochers et ses oiseaux. »

La montagne vivante, Nan Shepherd

CE QUE J’EN AI PENSÉ

La montagne vivante a été l’une de mes lectures coup de cœur de cette année ! J’ai découvert Nan Shepherd par ce livre et j’ai le sentiment de m’être attaché à elle. Je vais garder ce livre bien précieusement dans ma bibliothèque. Et je vais le relire, de temps en temps.

Pour retourner dans la montagne, me réimprégner des descriptions de Nan Shepherd. Et je pense aussi qu’en vieillissant, quand mon rapport avec le monde qui m’entoure changera sans doute aussi, je prendrais plaisir à relire les réflexions de l’autrice sur notre lien avec la montagne. Sur ce que nous faisons de la nature autour de nous. Tout est connecté, et nous sommes une partie, une partie seulement, de ce que les montagnes et les autres écosystèmes sont.

La montagne vivante SUR INSTAGRAM

OÙ TROUVER LE LIVRE La montagne vivante ?

La montagne vivante vient d’être publiée le 31 octobre 2019 en français par les éditions Christian Bourgois. Vous le trouverez je l’espère dans toutes les bonnes librairies près de chez vous. La traduction française est de Marc Cholodenko.

QUE LIRE APRÈS ?

Si vous souhaitez lire d’autres livres qui concernent la montagne et nos liens avec elle, je vous conseille volontiers ces ouvrages que j’ai déjà lu :

Et moi je vais continuer de lire des ouvrages sur notre lien avec la nature avec :

  • Parce que l’oiseau, Fabienne Raphoz
  • Le contrat naturel, Michel Serres
  • Histoire d’un ruisseau, Élisée Reclus

La montagne vivante, Nan Shepherd est un livre qui se passe en Écosse.

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