Lire des auteur·es LGBTQI avec le Juin des Fiertés

En juin 2019 aura lieu la deuxième édition du Juin des Fiertés sur instagram. Vous pouvez le trouver ici : #juindesfiertés. C'est l'un des nombreux challenges de la communauté bookstagram. Celui-là, on l'a lancé l'année dernière avec Perrine (alias @la_tortue_qui_lit) et beaucoup de gens ont participé. Alors on s'y remet cette année !

Qu’est-ce que le Juin des Fiertés ?

Comme beaucoup d’autres challenges bookstagram, le principe est de donner de la visibilité à certains livres et auteur·es. Avec le challenge Instagram Juin des Fiertés, il s’agit de mettre à l’honneur des auteur·es LGBTQI.

Pendant tout le mois de juin, on met en valeur les publications autour des lectures LGBT avec le hashtag #juindesfiertés.

De là découlent plusieurs intérêts pour les lectrices et les lecteurs :

  • lire davantage d’auteur·es LGBTQI ;
  • donner plus de visibilité à ces posts ;
  • retrouver des publications sur livres et des auteur·es LGBT sur Instagram sous le hashtag #juindesfiertés, qui seraient sinon perdues dans les posts de l’application.

Auteur·es LGBTQI – quelques questions et définitions

Pourquoi mettre en valeur les auteur·es LGBTQI ?

Les auteur·es LGBT et queers sont peu représenté·es. Il n’existe que très peu de prix littéraires pour les récompenser par exemple. Dans le monde anglo-saxon, je ne connais que le Stonewall Book Awards et le Lambda Literary Price. En France, on n’a que le Prix du roman gay, remis par les Éditions du Frigo. C’est une très bonne initiative, mais qui ne récompense que les livres qui traitent d’homosexualité masculine, et dont le français est la langue originale. Autant dire qu’il y a encore moins de visibilité pour les autres.

Mais qui sont-ils ? Il est très difficile de trouver des listes sur internet. Trouver des listes de romans, d’essais, de journaux etc. ou même d’auteur·es LGBTQI est un vrai casse-tête. C’est pour ça que je me suis mis en tête de créer ma propre liste de lectures LGBT.

Il y a peu de librairies spécialisées dans les livres LGBTQI, et peu de libraires qui connaissent des livres et des auteur·es souvent peu représenté·es en tête de gondole. Je vous conseille tout de même d’aller faire un tour, à Paris, ou sur leur site, chez Les mots à la bouche et Violette and Co. Vous y trouverez sans doute pas mal d’idées lectures !

Sur Instagram, où les publications se retrouvent noyées sous le flot des nouveaux posts, il nous semblait important avec Perrine de pouvoir les rassembler sous un hashtag commun. Avec le #juindesfiertés on peut mettre en valeur ces publications pendant tout un mois. Et on peut retrouver plus facilement d’anciennes publications.

Mais le #juindesfiertés ne devrait pas être l’affaire d’un mois. La visibilité des auteur·es LGBT et queer est une question très importante, qui devrait être notre préoccupation toute l’année. C’est pourquoi sur mon compte Instagram LeDévorateur vous trouverez des lectures LGBT toute l’année.

Qui sont les auteur·es LGBTQI ?

C’est une question plus difficile qu’il n’y paraît de prime abord. Seul·es les auteur·es LGBT qui ont fait leur coming-out ? Qu’en est-il des auteur·es du passé, dont on n’a pas toujours de preuve formelle de leur orientation sexuelle. Est-ce que c’est d’ailleurs important ?

Je vais considérer trois catégories (floues bien entendu, comme toute généralisation) pour répondre à cette question.

1- Les auteur·es qui s’identifient comme LGBTQI

C’est évidemment la réponse la plus facile à donner. Sont considéré·es comme auteur·es LGBT les personnes ouvertement gays, lesbiennes, bi, trans ou queer. Heureusement, il y en a de plus en plus. Mais ça n’est pas toujours facile de trouver l’info, même si quelques listes sont disponibles (surtout en anglais).

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser, j’essaierai d’y répondre.

2- Les auteur·es qu’on considère aujourd’hui LGBT

J’entends par là les auteur·es morts, dont on pense aujourd’hui qu’elles et ils ont eu des relations sentimentales et/ou sexuelles avec des personnes de même sexe. Où pour qui on sait, depuis leur mort, grâce à leurs écrits par exemple, qu’elles et ils étaient comme on dit dans le placard.

C’est une question beaucoup plus délicate. Ça reste assez facile avec Marguerite Yourcenar par exemple, qui a vécu avec une femme pendant le plus clair de sa vie. Avec Marcel Proust qui a laissé des lettres, des écrits, c’est encore facile. C’est déjà moins facile avec Virginia Woolf, qui aurait eu des relations avec des femmes, alors qu’elle était mariée. C’est encore plus compliqué par exemple avec Flaubert (dont on soupçonne des relations avec des hommes) ou avec Thomas Mann, qui a été marié, a eu des enfants, mais dont on trouve dans ses journaux des indices de sa bisexualité, et des personnages bisexuels ou homosexuels dans ses livres.

3- Les livres LGBTQI écrits par des auteur·es hétéro et cis

Enfin il y a les auteur·es dont on ne sait rien de la vie privée, ou dont ce qu’on sait ne laisse rien présager d’un quelconque lien avec la communauté LGBTQI. Mais dont certains livres ont eu un tel impact sur la culture LGBT et queer qu’il semble important de les mentionner.

Je pense par exemple à Call me by your name d’André Aciman, Middlesex de Jeffrey Eugenides, Mort à Venise de Thomas Mann…

Le problème, parfois, avec ces livres écrits par des personnes hétérosexuelles et cis, c’est qu’ils mettent en scène des personnages qui peuvent dans certains cas reproduire des préjugés et des représentations erronées de certaines populations. À prendre donc dans certains cas avec précaution.

Et puis entre nous, avec le nombre croissant d’auteur·es out, autant se tourner vers leurs livres non ?

Conseils de lecture

Sur les sites des librairies que j’ai mentionnées plus haut, vous trouverez nombre d’ouvrage. Vous n’aurez même que l’embarras du choix !

Sur Wikipédia, vous trouverez également pas mal d’infos, mises à jour d’ailleurs régulièrement, mais surtout concernant les livres et les auteur·es les plus connu·es.

Sur ma page dédiée aux lectures LGBT, vous trouverez quelques livres. Je la mets à jours régulièrement en fonction de mes lectures. Ça vaut le coup d’y retourner de temps en temps. N’hésitez pas également à aller voir les publications #juindesfiertés sur Instagram et mes publications tout au long de l’année !

Parmi les livres LGBT que je vous conseille absolument il y a :

En voici quelques autres dont j’ai déjà (un peu) parlé sur Instagram :

Vous avez d’autres livres ou auteur·es LGBTQI à conseiller ? N’hésitez pas à les mentionner en commentaires. Il m’en reste tant à lire, je serai content de faire de nouvelles découvertes !

12 Commentaires

  1. lis_moi_ / Marion 17 / 05 / 2019

    Merci pour ce super article ca me donne plein de nouvelles envie de lectures! Je te conseille vraiment Eddy Bellegueule si tu ne l’as pas encore lu 🙂

    • Florian 17 / 05 / 2019 — Le Dévorateur

      Merci beaucoup ! Je serai super heureux si d’autres personnes lisent ces livres ! Et concernant Édouard Louis, j’ai lu tous ses livres ! J’aime beaucoup et j’ai hâte des prochains !

  2. Lune (Chapitre5) 17 / 05 / 2019

    Homo Sapienne de Niviaq Korneliussen ? Le condamné à mort est magnifique, il m’a bouleversé quand je l’ai découvert, connais-tu la lecture musicale que les Têtes Raides en ont fait ? Le chanteur, Christian Olivier a une magnifique voix grave et la prête très bien au texte. Elle est sur Youtube. Je vais tenter de faire quelques lectures pour suivre le Juin des fiertés 🙂

    • Florian 17 / 05 / 2019 — Le Dévorateur

      Je n’ai pas encore lu Homo Sapienne, mais j’en ai beaucoup entendu parler. Il faut que je le trouve, merci de me le rappeler.
      Et non je ne connaissais pas la version des Têtes raides ! Seulement celles de Marc Orgeret et d’Étienne Daho, qui sont toutes deux magnifiques ! Je vais aller voir ce que ça donne avec les Têtes raides !

  3. Chloé 17 / 05 / 2019

    Bonjour ! Je ne connaissais pas du tout ce challenge, et j’aime beaucoup l’idée de mettre en lumière les romans et auteurs de la communauté LGBT, je note donc avec plaisir quelques uns de ces titres, merci !

    Par contre, j’avoue avoir un peu tiqué sur un passage de l’article… Je pense que l’individu, qu’il soit hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, transsexuel, ou autre, est unique. Ainsi, j’ai du mal à percevoir qu’on puisse renvoyer une image erronée d’une catégorie entière de population, simplement parce que l’auteur ne relève pas lui même de cette catégorie. Je ne suis pas sûre d’être claire, haha !

    Je comprends qu’il apparaisse plus évident à un auteur ou une autrice d’évoquer des sentiments qu’il ou elle a pu un jour réellement ressentir, mais les romans demeurent de la fiction. En grossissant le trait, une femme peut, à mon sens, décrire remarquablement les comportements d’un homme (sans parler de son orientation sexuelle forcément) dans sa vie de tous les jours, pour autant, peut-on prétendre qu’un auteur serait plus compétent du seul fait qu’il soit un homme et que le texte traite d’un homme ?

    Rien ne peut être parfait, et personne ne demande à ce que ça le soit, c’est d’ailleurs ça, la magie de la fiction ! Encore désolée si mon propos apparaît brouillon, et merci surtout pour la découverte et l’organisation de ce challenge 🙂

    @AdvienneQueLira ; Chloé

    • Florian 18 / 05 / 2019 — Le Dévorateur

      Merci beaucoup pour le commentaire. Qui est d’ailleurs très clair et pas brouillon du tout !

      Je me suis peut-être mal exprimé dans ce passage. Ce que je voulais dire, c’est que parfois, certain·es auteur·es surtout hétéros et cis, mettent en scène des personnages dont ils connaissent très peu de choses. Et donnent ainsi à lire des choses qui moi m’ont fait parfois tiquer. Et chaque personnage, qu’on le veuille ou non, est une image (une micro image, mais si on n’a rien d’autre à laquelle la comparer, ça devient la seule image).
      Je pense par exemple à Annabel de Kathleen Winter. L’auteure a sans doute eu les meilleures intentions du monde en écrivant cette histoire, l’histoire d’Annabel, qui est intersexe. Mais il y a des passages dans le livre qui m’ont énormément choqués. Parce que l’auteure semble très essentialiste. Le discours qui transparaît du livre semble être celui-ci : le sexe des gens détermine qui ils sont. On y parle beaucoup plus de sexe que de genre, ce qui m’aurait semblé plus à propos. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la lecture qu’une personne, qui n’a jamais rien lu d’autres avec des personnages intersexes, pourrait très facilement assimiler de façon inconsciente Annabel et cette histoire, avec l’histoire de toutes les personnes intersexes.

      C’est pour ça que je dis que parfois, certain·es auteur·es, en s’emparant de thématiques LGBTQI et en mettant en scène des personnages queers, peuvent faire des faux-pas.
      Je ne dis pas non plus que des auteur·es cis et hétéros ne peuvent pas écrire sur de tels sujets. Certain·es l’ont fait avec brio. Appelle-moi par ton nom en est un exemple magnifique. Mais je voulais quand même mettre en garde les lectrices et les lecteurs : parfois on tombe sur des choses dans des livres qui peuvent déranger ou agacer.

      • Chloé 18 / 05 / 2019

        Merci pour cette réponse complète, en effet, je me rends compte que j’ai été trop réductrice dans l’interprétation de tes propos !

        Je ne connais pas Annabel de Kathleen Winter. J’ai effectué quelques recherches sur l’intersexualité, mais dans un cadre strictement juridique, et très peu par la littérature. J’ignore beaucoup du quotidien d’une personne intersexe, et je comprends qu’il vaut mieux ne pas commencer ou en tous cas se cantonner à un roman qui aborde le sujet avec un parti pris plutôt « cliché »… Je ne veux pas risquer de me forger une fausse idée !

        Je m’en vais de ce pas réfléchir à quel(s) bouquin(s) choisir pour juin ! (Bien que ma lecture du moment rentre pile dans le sujet !)

        • Florian 18 / 05 / 2019 — Le Dévorateur

          Après c’était un exemple. Heureusement, la plupart du temps, les choses sont moins cliché !
          Tu lis quoi en ce moment ?

          • Chloé 04 / 06 / 2019

            Oulala je n’avais pas été prévenue de ta réponse, désolée haha ! Là je viens de terminer Enfermé.e de Jacques Saussey, qui doit pouvoir entrer dans ce chouette challenge 🙂

          • Florian 07 / 06 / 2019 — Le Dévorateur

            Je ne connaissais pas cet auteur. Et je viens de voir qu’il écrivait surtout des romans policiers, c’est le cas de ce livre ?

  4. Aliotis 01 / 10 / 2022

    Bonjour,
    merci pour ce site, j’espère trouver ici plus de lectures dans lesquelles je pourrais me retrouver.
    Si vous voulez quelques reco :
    « Je ne Suis Pas un Gay de Fiction » de Naoto Asahara.
    « Colza » d’Alice Baylac.
    Si vous ne les avez pas déjà lus.

    • Florian 07 / 10 / 2022 — Le Dévorateur

      Merci pour les recommandations ! Malheureusement je ne suis plus très actif sur ce blog donc il n’y en aura peut-être plus de nouvelles de ma part pendant un moment.

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