Retour à Reims, Didier Eribon

Retour à Reims n'est pas un roman. Dans ce livre, Didier Eribon reprend les codes de l'autobiographie, pour s'interroger sur des notions de sociologie. Qui sommes-nous ? Quelle place avons-nous dans nos sociétés ? Pourquoi et comment est-il devenu un transfuge de classe ? Et pourquoi ça lui permet aujourd'hui de parler de ses parents ?

Pourquoi lire Retour à Reims ?

  • Le livre : entre autobiographie et réflexions sociologiques, Didier Eribon nous donne à lire un livre à la frontière des genres.
  • Le décor : c’est dans sa Normandie natale et dans sa famille d’origine modeste que revient le transfuge Didier Eribon après la mort de son père.
  • Le genre : un livre de sociologie comme on en fait trop peu. Un livre théorique et critique qui se lit comme un roman d’autofiction.
  • Le style : une écriture claire, qui va droit au but, et qui n’est pas sans rappeler celle d’Annie Ernaux.

L’histoire

Il n’y a pas d’histoire proprement dite dans Retour à Reims, car il ne s’agit pas d’un roman. Didier Eribon retourne à Reims, après la mort de son père. S’il n’avait pas coupé les ponts avec tout le monde, il s’était tout de même beaucoup éloigné de son milieu d’origine.

C’est alors l’occasion pour l’auteur de Réflexions sur la question gay d’évoquer le milieu ouvrier de ses parents et de réfléchir aux concepts de classe, de sexualité, de s’interroger après Bourdieu sur l’école et la reproduction sociale, sur le passage à droite, le vote, etc…

Un livre qui m’a tant appris sur moi-même

Didier Eribon est un transfuge, c’est à dire quelqu’un qui a grandi dans un certain milieu social, et qui vit sa vie d’adulte dans un autre milieu (on parle aussi de transfuge de classe ou de transfuge social).

Comme Didier Eribon, comme Annie Ernaux, comme Édouard Louis et tant d’autres, je suis moi aussi un transfuge. Je suis allé à la fac, j’ai quitté le milieu rural et la classe moyenne qui a parfois du mal à gérer les fins de mois, pour une vie plus aisée loin de ma famille.

Lire Retour à Reims m’a permis de mettre des mots sur des ressentis, voire des rancœurs. Surtout, ce livre m’a permis de mieux comprendre ma famille et mes parents, et d’apprendre à ne pas les juger. Parce que ce n’est tout bonnement pas mon rôle.

« Longtemps, ce ne fut pour moi qu’un nom. Mes parents s’étaient installés dans ce village à une époque où je n’allais plus les voir. De temps à autre, au cours de mes voyages à l’étranger, je leur envoyais une carte postale, ultime effort pour maintenir un lien que je souhaitais le plus ténu possible. En écrivant leur adresse, je me demandais à quoi ressemblait l’endroit où ils habitaient. Je ne poussais jamais plus loin la curiosité. Lorsque je lui parlais au téléphone, une fois ou deux par trimestre, souvent moins, ma mère me demandait : « quand viens-tu nous voir ? » J’éludais, prétextant que j’étais très occupé, et lui promettait de venir bientôt. Mais je n’en avais pas l’intention. J’avais fui ma famille et n’éprouvais aucune envie de la retrouver. »

Retour à Reims, Didier Eribon

Ce que j’en ai pensé

Lire Didier Eribon, c’est toujours pour moi lire un livre dans lequel je vais beaucoup apprendre : sur moi et sur le monde dans lequel j’ai grandi. La lecture de ses livres m’est nécessaire. J’ai appris qui j’étais et ce que j’étais devenu avec Réflexions sur la question gay.

Dans Retour à Reims, j’ai appris sur mes parents, le milieu social dans lequel j’ai grandi et j’ai compris ce que cela signifiait d’être un transfuge. Ça m’a permis de commencer à réfléchir encore une fois à qui j’étais et qui je voulais devenir, non plus d’un point de vue de l’identité sexuelle, mais de l’identité sociale.

Ce n’est peut-être pas toujours une lecture facile. Tout d’abord parce que les termes et les concepts de sociologie peuvent rebuter à qui n’en a pas l’habitude. Mais aussi parce que ce n’est pas un livre qu’on peut lire pour l’oublier ensuite. Il touche, il interroge, il interpelle.

Mais ça a été l’un des livres les plus importants dans ma vie de lecteur. Et c’est l’un des livres que je continuerai à relire, encore et encore.

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Livres Retour à Reims et Retour sur Retour à Reims de Didier Eribon
Retour à Reims, Didier Eribon et ingrédients pour préparer une tergoule

« Le retour dans le milieu d’où l’on vient — et dont on est sorti, dans tous les sens du terme — est toujours un retour sur soi et un retour à soi, des retrouvailles avec un soi même autant conservé que nié. »

Retour à Reims, Didier Eribon

Où trouver Retour à Reims de didier Eribon ?

Retour à Reims a d’abord été publié chez Fayard, puis republié en poche dans la collection Champs Essais des éditions Flammarion. Vous le trouverez sans doute dans une librairie près de chez vous qui propose des essais.

Que lire après ?

Tous les livres de Didier Eribon ! À commencer par Retour sur Retour à Reims, dans lequel il revient quelques années plus tard sur son livre.

  • Réflexions sur la question gay
  • Une morale du minoritaire
  • La société comme verdict

Sont à ajouter à la liste également les livres qui l’ont inspiré ou qu’il a inspirés :

  • En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis
  • La Place, Annie Ernaux
  • Écrire en pays dominé, Patrick Chamoiseau

Retour à Reims, Didier Eribon est un livre qui se passe en France.

4 Commentaires

  1. Simone 12 / 10 / 2019

    Je lis ce livre maintenant, je pense que je vais l’aimer!

  2. knulp 09 / 07 / 2020

    Il y a une petite erreur :

    Retour à Reims, Didier Eribon est un livre qui se passe en France, en Normandie.

    Reims n’est pas en Normandie, c’est « La Place » qui se passe en Normandie à Yvetot.

    • Florian 09 / 07 / 2020 — Le Dévorateur

      Olala en effet ! Je viens de corriger. Merci de me l’avoir signalé.

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