N’essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell

Rasmus, Benjamin, Paul et les autres : qu'est-ce que le sida a fait de ce groupe d'amis suédois ? Avec N'essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell nous transpose dans le Stockholm des années 80. Préparez-vous à une histoire déchirante, mais magnifique.

Pourquoi lire N’essuie jamais de larmes sans gants ?

  • Le livre : il est passé assez inaperçu en France (alors qu’il a fait un carton en Suède) et il n’a pas encore été traduit en anglais. Mais j’aimerai tellement que tout le monde le lise ! Un véritable coup de cœur !
  • Le décor : la Suède des années 80, entre les forêts du nord du pays et les lieux de la vie gay de Stockholm.
  • Le genre : est-ce qu’on peut parler d’une littérature du sida ? les livres sur le sujet se multiplient (et c’est tant mieux). La force de celui-ci ? Son décor et ses personnages.
  • Le style : c’est un récit non linéaire que nous propose Jonas Gardell. On anticipe, on revient en arrière, on revient même sur des passages déjà décrits. Un procédé littéraire très intéressant.

L’histoire

On l’apprend dès le début : c’est l’histoire d’un amour et l’histoire d’un deuil. La force de N’essuie jamais de larmes sans gants ne tient pas dans l’effet de surprise de l’histoire, mais dans la façon dont elle est racontée, et portée par les personnages de Rasmus, Benjamin, Paul et les autres.

Rasmus est né à la campagne, dans le nord de la Suède. Son diplôme en poche, il décide d’aller vivre chez sa tante à Stockholm, où il sera libre d’être gay et de rencontrer des garçons. Dont Benjamin.

Benjamin est né à Stockholm, dans une famille de témoins de Jéhovah. Un jour, en faisant du porte à porte, il est invité à entrer chez Paul. Celui-ci n’est pas intéressant par le discours religieux, mais par Benjamin. C’est Paul qui dira à Benjamin qu’il est gay.

Paul est plus âgé que les deux autres. Il vit à Stockholm, il rencontre des garçons. Il s’entoure d’un cercle d’amis, d’autres gays qui sont arrivés à Stockholm des quatre coins de Scandinavie.

Un des plus beaux livres avec le sida comme personnage

Parce que le personnage principal du roman est en fait le sida. Un personnage qui arrive à l’improviste, sans prévenir, et qui prend de plus en plus de place. Un personnage qui va changer la vie de Rasmus, Benjamin, Paul et les autres.

Le sida est un personnage récurrent dans nombre de livres gays contemporains, parce que le sida fait ou a fait partie de la vie de nombreux auteurs LGBT. Ce qui fait la différence dans le roman de Jonas Gardell, par rapport aux autres livres traitants du sida que j’ai pu lire, c’est qu’il s’agit d’un roman. Rien ne semble indiquer qu’il s’agit de la vie de l’auteur. C’est une fiction.

Et la fiction a une force différente que l’autofiction ou l’autobiographie (comme chez Guibert ou Lagarce par exemple). Chez Gardell, le sida devient un personnage de roman, et on peut faire ce qu’on veut des personnages de roman. On peut les malmener, on peut les faire gagner, on peut les vaincre. C’est le message principal que j’ai personnellement retenu de ce très beau livre.

« Le deuil qui vous marque de son sceau devient une partie intégrante de votre personne. Et puisque le deuil est une marée, il n’est donc pas rare qu’il remonte et vous submerge avec une force époustouflante, alors que vous aviez le sentiment que tant de temps s’est écoulé, que les années ont succédé aux années. Mais puisque le deuil est une marée, il n’est pas rare non plus qu’il se retire, vous découvrez à ce moment-là que vous avez les pieds au sec et que vous devriez peut-être vous étirer les jambes et aller faire une promenade. »

N’essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell

Ce que j’en ai pensé

J’ai adoré cette lecture ! Je l’ai lu il y a plus de deux ans et j’en garde un souvenir très fort. Celui d’une lecture déchirante, mais magnifique. Je me suis beaucoup attaché au personnage de Benjamin et j’ai eu le cœur brisé, comme lui, par la perte de ses amis, par ce que la maladie a fait d’eux.

Et j’ai énormément aimé la construction du roman. On semble commencer par la fin, on revient au tout début. On alterne les récits, sans nous prévenir. C’est un peu déroutant, mais on s’y fait très vite. Et cette structure ajoute à la poésie du texte. Parce que Jonas Gardell ne joue pas seulement avec la temporalité de la narration, il joue également avec la répétition. Plusieurs scènes font écho à des scènes précédentes, entre nostalgie et nouveau regard sur le passé, comme s’il était impossible pour Benjamin d’avancer.

Pour aller plus loin je vous conseille également la série télé qui en a été tirée : Don’t Ever Wipe Tears Without Gloves. Je l’ai trouvée très fidèle et tout aussi belle et touchante.

Où trouver N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell ?

N’essuie jamais de larmes sans gants a été publié en français par les Éditions Gaïa. Vous aurez peut-être la chance de le trouver dans une librairie près de chez vous.

Que lire après ?

C’était mon premier livre de Jonas Gardell, et j’ai maintenant très envie de lire son roman le plus célèbre : Petit comique deviendra grand.

Parmi les autres romans qui traitent du sida, il y a ces livres que je veux lire ou relire :

N’essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell est un livre qui se passe en Suède.

2 Commentaires

  1. Solange 08 / 04 / 2019

    J’ai beaucoup aimé ton article ! Et ce livre a l’air vraiment intéressant et déchirant ! Merci pour la découverte, il rejoint ma wishlist 🙂

    • Florian 08 / 04 / 2019 — Le Dévorateur

      Merci ! J’espère que tu pourras le trouver, et que tu reviendras me dire ce que tu en auras pensé après ta lecture !

Laisser un commentaire