Lire des romans envoyés par les auteurs

Cette année, j'ai fait quelque chose que je n'avais encore jamais fait : j'ai accepté de recevoir le roman d'auteurs qui m'ont contacté via mon blog.

Guy Bordin et Jean-Christophe Galiègue m’ont contacté plus ou moins au même moment : à la fin du confinement. C’était un moment propice : je n’étais pas allé en librairie depuis un moment et j’avais très envie de découvrir de nouveaux livres – la rentrée littéraire commençait à m’allécher.

Pourtant, j’ai finalement attendu assez longtemps pour lire leur livre. Pourquoi ? Parce que très souvent, je trépigne d’impatience, mais dès que je reçois le livre ou que je l’achète, je me rends compte que ce n’est pas le bon moment pour le lire. Je crois à ça : l’idée de la bonne lecture au bon moment. Et je les ai finalement lu exactement quand il le fallait.

Pourquoi ça me faisait peur ?

Je n’avais jamais accepté une telle proposition auparavant parce que ça me faisait peur. J’accepte parfois des livres envoyés par les maisons d’édition ceci dit. Mais c’est différent. Je ne ressens aucune pression quand je reçois un livre d’une maison d’édition. Je peux décider de ne pas en parler. Je peux décider de dire exactement ce que je veux en dire. C’est déjà plus délicat je trouve quand je sais que l’auteur ou l’autrice est sur instagram. Récemment, je parlais de Tout ira bien et Damian Barr est venu commenter mon post. En plus, je n’avais pas été complètement conquis par ma lecture, alors c’était gênant. C’est quelque chose qui me fait toujours un peu peur. Pourquoi ?

Je pense que c’est parce que dire à quelqu’un ce qu’on pense est toujours délicat. Quand c’est un·e ami·e passe encore, on se connaît, on sait comment on va réagir, c’est même bienvenu. Au travail, j’avais appris à le faire. Mais quand je ne connais pas les gens, que c’est dur ! Surtout quand on parle d’un livre, d’une toile, d’un morceau de musique. Bref, dire à un artiste ce qu’on a pensé de son travail, c’est difficile. En un mot comme en cent, j’avais peur de ne pas aimer (coucou c’est moi, toujours à penser au pire) et de ne pas savoir comment le dire !

Pourquoi je suis content de l’avoir fait ?

Tout d’abord parce que les deux romans suivent des personnages gays. Passion, sexe, envoûtement chez l’un. Construction de l’identité et grandir gay chez l’autre. Et ça, ça me plaisait. Lire des livres LGBTQI, je trouve ça très important. Et encore plus quand il ont été écrits par des d’auteurs dont c’est le premier roman ou qui ne sont pas encore reconnus. Je considère parfois que c’est la meilleure raison pour moi d’avoir ce blog et instagram : mettre en avant des auteurs et des livres qu’on ne voit pas assez. Lire des histoires différentes, innovantes.

Les livres ont tous deux publiés chez des maisons d’édition (Éditions Maïa) ou dans des collections (Rue des écoles chez L’Harmattan) que je ne connaissais pas. Ça veut dire que je n’en aurais sans doute jamais entendu parler si les auteurs ne m’avaient pas directement contacté ! Surtout que ces romans ont été publié juste avant ou pendant le confinement. Autant dire que ce n’était pas la meilleure situation pour ces auteurs !

Et surtout, parce que j’ai passé un bon moment avec ces lectures ! Alors, assez de blabla, place aux livres :

L’amant fantasmatique, Guy Bordin

L’histoire : Un coin isolé de la Bretagne, un été dans les années 80. Le narrateur tient un journal. Il a rencontré il y a peu son cousin à l’université. Il était son étudiant. Son cousin, un historien, est spécialiste de l’histoire de l’exploration et de la colonisation du Québec. Le narrateur va l’assister tout l’été pour son travail de recherches. Il avait hésité à venir : son cousin ne le laisse pas indifférent. La monotonie de leur travail est rapidement perturbée par des rêves étranges, pleins de désir, et des disparitions inquiétantes. Est-ce que tout est lié à ces « amants fantasmatiques », ces esprits du rêve auxquels croient les Inuits, et dont son cousin lui avait parlé ?

Ce que j’en ai pensé : J’ai été très troublé, et ce dès le début, par le narrateur et ses fantasmes. C’est quelque chose que j’admets de plus en plus volontiers : les descriptions érotiques, voire carrément sexuelles, en littérature, ça me plaît. Et quand c’est lié dans le récit avec une enquête étrange, des personnages plus bizarres les uns que les autres, ça me plaît encore plus. Même si je ne suis pas toujours un fan des récits en forme de journal (les répétitions et les descriptions peuvent y être un problème), j’ai trouvé ici que ça avait du sens et portait même l’histoire. Parce qu’on est dans la tête du narrateur. Et il s’en passe des choses, dans cette tête ! Je n’en dirais pas plus pour ne gâcher aucune surprise à la lecture, sinon que L’amant fantasmatique est un récit curieux et entraînant, qui m’a beaucoup plu !

Où le trouver : L’amant fantasmatique de Guy Bordin a été publié aux Éditions Maïa.

Nos âmes pures, Jean-Christophe Galiègue

L’histoire : On suit deux personnages en parallèle : Roméo et Tristan. Avec des noms comme ça, on comprend tout de suite où l’auteur veut nous emmener. Une histoire sous le signe de l’amour et du destin. De leur naissance à leur vie commune, on les voit grandir. On s’attache à ces personnages différents et opposés, qui se retrouvent enfin.

Ce que j’en ai pensé : L’écriture de Jean-Christophe Galiègue est délicate, et porte le récit de ces deux vies. C’est beau. Il y a des passages qui m’ont beaucoup touché, la cruauté des autres garçons envers Tristan, les mots des pères qui blessent leurs fils qui sont différents. Mais il y a l’amour aussi, de leurs mères, du grand-père. On sent en filigrane, qu’avec ce livre l’auteur a voulu exorciser les douleurs de l’homophobie, panser les plaies avec les mots. Mon seul bémol (mais c’est lié à un problème personnel dont j’ai déjà parlé : j’ai souvent du mal avec les récits qui mettent en scène des enfants) : j’aurais préféré qu’on s’attarde autant sur Roméo et Tristan adultes qu’on l’a fait quand ils étaient enfants. Je ne voulais pas les quitter si vite, cette vie-là m’aurait plu davantage.

Où le trouver : Nos âmes pures de Jean-Christophe Galiègue a été publié chez L’Harmattan.

5 Commentaires

  1. Jer-Rom 21 / 09 / 2020

    Merci Florian pour ce Partage, j’ai également lu le Livre « Nos âmes pures » et c’est un texte d’une grande richesse et douceur, merci d’en parler et de faire vivre cette littérature.
    il fait parti de la SÉLECTION DU PRIX DU ROMAN GAY 2020
    félicitation à l’auteur!!!!

    • Florian 21 / 09 / 2020 — Le Dévorateur

      Ah quelle bonne nouvelle !
      Je viens en fait de me rendre compte, en allant voir la sélection, que les deux romans dont je parle dans cet article en font partie !

  2. Laurent Pepin 25 / 05 / 2021

    Bonjour,
    Je recherche des chroniqueurs intéressés par une littérature aux frontières du fantastique, du surréalisme et de la psychiatrie qui auraient la curiosité de se pencher sur ma novella « Monstrueuse Féérie » sortie le 15 octobre chez flatland éditeur. Mon éditeur étant une petite structure associative, je peux vous adresser un SP numérique -en espérant que vous ayez, naturellement, la volonté de donner sa chance à ce texte singulier. Pour plus de clarté : il s’agit d’un conte fantastique pour adultes teinté de pataphysique, de psychanalyse, de poesie et d’humour noir.
    Merci par avance,
    Laurent Pepin

    • Florian 02 / 06 / 2021 — Le Dévorateur

      Bonjour et merci pour votre message. Pardon pour le délai de réponse. Comme vous le voyez, j’ai mis mon blog en pause en ce moment, pour me consacrer à d’autres choses. Ça veut également dire que je n’accepte plus de demandes pour lire et recevoir des livres. Ça reviendra peut-être, mais pas dans l’immédiat. En attendant je vous souhaite de trouver votre public pour votre livre.
      Florian

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