Je suis en vie et tu ne m’entends pas, Daniel Arsand

Un roman historique comme on en fait peu : c'est à dire avec un personnage principal gay. Celui-ci, Klaus, est également une victime du nazisme et c'est le récit de son retour à la vie civile que nous relate Daniel Arsand dans Je suis en vie et tu ne m'entends pas.

Pourquoi lire Je suis en vie et tu ne m’entends pas ?

  • Le livre : une histoire qu’on lit très peu en littérature. Le récit de la survie après les camps de concentration d’une victime gay du nazisme.
  • Le décor : entre Leipzig et Paris. On voyage avec Klaus dans des villes où les habitant·es se reconstruisent après la Seconde Guerre Mondiale.
  • Le genre : il ne s’agit pas d’un récit de survivant des camps, ni d’un ouvrage historique, mais bel et bien d’un roman.
  • Le style : avec des va-et-vient dans le temps, une justesse dans le ton et une poésie dans les mots, Daniel Arsand nous donne à lire roman très émouvant.

L’histoire

Le narrateur est Klaus Hirshkuh, un jeune Allemand qui revient dans sa famille à Leipzig après avoir survécu au camp de concentration de Buchenwald. Il ne trouve plus sa place dans l’appartement familial et il se sent terriblement seul sans Heinz. Il décide de changer de vie et de partir à Paris, où il rencontrera Julien. Trouvera-t-il enfin sa place en France ?

Les homosexuels victimes du nazisme

Je suis en vie et tu ne m’entends pas est à ma connaissance le seul roman historique qui traite de la question des victimes gay du nazisme. Et qui en traite avec force, justesse et compassion. C’est un récit très beau et très émouvant que celui de Klaus. On trouve finalement peu traitée la question des triangles roses en littérature.

UN ROMAN HISTORIQUE AVEC DES PERSONNAGES HOMOSEXUELS

J’ai été amené à lire peu de romans historiques avec des personnages LGBTQI et je ne pense pas que ce soit un hasard. On écrit beaucoup de romans historiques qui traitent de personnages célèbres de l’Histoire. Mais les personnages queers y ont rarement eu le beau rôle. Et même quand les personnages ont des origines plus modestes, ce sont souvent des hommes, qui plus est blancs et hétérosexuels. Et cela fait du bien en tant que lecteur quand l’auteur·e sort de ces schémas.

Klaus n’est d’ailleurs pas le seul personnage homosexuel du roman. On y trouve le souvenir omniprésent de Heinz, son premier grand amour, et puis les amants de Paris, et enfin Julien.

En plus de traiter de l’homosexualité pendant et après la Seconde Guerre Mondiale, Daniel Arsand s’attache dans son livre à nous parler de l’homophobie dont sont victimes ses personnages (ou dont ils sont les acteurs). De la Gestapo aux capos du camps, en passant par la propre famille de Klaus et de ses amis et collègues à Paris, rien n’est épargné au personnage principal.

« Il avait porté cette paire de boutons de manchette, à Berlin, et à Leipzig, à des bals plutôt particuliers, entre garçons, on s’amusait, des gosses qui faisaient l’amour entre eux, tiens, le billet de retour de Berlin, il avait vécu cela, il avait eu quinze ans, il n’était pas né à Buchenwald, il en vacillait, ç’avait été si beau à Berlin, et Heinz dansait si bien, une nuit entière, deux corps de garçon dans une chambre de Berlin, côte à côte, puis enlacés. Klaus, Heinz. »

Je suis en vie et tu ne m’entends pas, daniel arsand

Ce que j’en ai pensé

J’ai dévoré ce livre ! J’ai tout de suite accroché au style de l’auteur et je me suis laissé porté par cette histoire. C’est loin d’être facile à lire. De par le thème du roman et la violence des paroles et des actes qui y sont relatés, mais je le conseille !

Je lis pour ma part peu de récits, et surtout des récits aussi durs que ceux des survivant·es des camps de concentration. J’avais dû en lire au collège, puis pendant mes études d’histoire. Mais c’est quelque chose qui — même si je comprends tout à fait leur intérêt — me met mal à l’aise pendant la lecture. Je trouve les romans, malgré toute l’horreur et la violence (je pense par exemple aux Bienveillantes de Jonathan Littell) plus faciles à lire. Parce que je sais que l’histoire que je suis en train de lire est une fiction. Même si elle est inspirée par des histoires qui ont été bien réelles. C’est pourquoi je préfère les romans historiques. Surtout quand ils sont aussi bien écrits que Je suis en vie et tu ne m’entends pas.

je suis en vie et tu ne m’entends pas sur instagram

Où trouver Je suis en vie et tu ne m’entends pas de daniel arsand ?

Il a été publié aux éditions Actes Sud, et en poche chez Babel. Trouvez le roman dans une librairie près de chez vous.

Que lire après ?

J’ai très envie de continuer ma découverte de Daniel Arsand avec d’autres livres de l’auteur, à commencer par Des amants.

Après Je suis en vie et tu ne m’entends pas j’ai aussi eu envie de lire d’autres auteurs gays français contemporains :

  • En l’absence des hommes, Philippe Besson
  • Une éducation libertine, Jean-Baptiste del Amo
  • Ce qu’aimer veut dire, Mathieu Lindon

Je suis en vie et tu ne m’entends pas, Daniel Arsand est un livre qui se passe à Paris, en Allemagne, en France.

2 Commentaires

  1. Bulle d’air 25 / 03 / 2019

    J’ai dans ma PAL « un certain mois d’avril à Adana »
    Je le fais remonter…

    • Florian 26 / 03 / 2019 — Le Dévorateur

      Je viens d’aller voir de quoi parle ce livre dont je n’avais pas encore entendu parler et ça a l’air super intéressant ! N’hésite pas à venir me redire ce que tu en penseras !

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