Miss Islande, Auður Ava Ólafsdóttir

Miss Islande est le dernier roman de l'autrice islandaise Auður Ava Ólafsdóttir, publié chez Zulma. C'est le premier livre que je lis de l'auteure, mais ça ne sera pas le dernier ! J'ai beaucoup aimé ce livre, qui parle d'amitié, d'ambition et de la beauté dans les petites choses de la vie. Avec une plume très poétique, Auður Ava Ólafsdóttir nous donne à notre tour envie d'écrire comme Hekla et Ísey, deux des personnages du livre Miss Islande.

POURQUOI LIRE Miss Islande ?

  • Le livre : Miss Islande est le dernier roman tant attendu de l’auteure de Rosa Candida et Ör.
  • Le décor : l’Islande en 1962. Les terres de la Saga des gens du Val-au-Saumon, puis Reykjavik.
  • Le genre : Roman sur le passage à l’âge adulte, Miss Islande suit trois personnages qui vont prendre des directions différentes.
  • Le style : c’est un roman tout en poésie que nous donne à lire Auður Ava Ólafsdóttir. Peu de personnages, peu d’action, mais une force qui émane des mots et qui transporte.
  • Le plus : Miss Islande fait pour moi partie des meilleurs livres publiés en 2019 et a obtenu le Prix Bookstagram 2020 du meilleur roman étranger !

L’HISTOIRE

Miss Islande, c’est l’histoire de trois personnages. On commence avec la naissance d’Hekla, et ce prénom de volcan. Vingt ans plus tard, en 1962, Hekla part à Reykjavik. Elle veut écrire et être publiée. Elle y retrouve ses amis, Ísey et Jón John, chez qui elle va tour à tour vivre avant de rencontrer le poète. Ísey s’est mariée avec son premier amour, ou en tout cas le premier homme avec qui elle a fait l’amour, et dont elle est tombée enceinte. Jón John économise de l’argent. Il veut aller vivre loin, là où être gay sera plus facile qu’en Islande.

Plutôt que de résumer l’histoire, je préfère m’intéresser à deux points qui ressortent pour moi du livre, deux choses qui m’ont tant plus dans Miss Islande :

Les femmes et l’écriture

Miss Islande est un très beau livre sur le désir d’écrire chez les femmes, à un moment où c’était loin d’être bien vu. Hekla et Ísey écrivent toutes les deux, mais pas avec la même ambition, et elles ne rencontrent pas les même problèmes.

Hekla écrit depuis toujours, elle veut pouvoir publier des livres, et tout le monde le sait : son père, ses amis. C’est pour ça qu’elle part à Reykjavik : pour se faire connaître et devenir enfin écrivaine. Mais dans la capitale islandaise, en 1962, on lui conseille plutôt de devenir Miss Islande, de se trouver un petit mari et de vivre une vie normale.

Quand elle va rencontrer le poète, qu’il va devenir son amant, elle va lui cacher pendant longtemps qu’elle écrit, en cachette, chez son ami Jón John. Va-t-il enfin la supporter dans ses aspirations ? Va-t-elle réussir à publier ses livres ?

« — Pour toi, l’écriture est plus importante que moi, une seule phrase a plus de poids que mon corps, bredouille-t-il, noyé dans les vapeurs d’alcool.

Je n’arrive pas à me retenir d’aller jusqu’à la table pour noter dans mon carnet : Une seule phrase a plus de poids que mon corps. »

MISS ISLANDE, AUÐUR AVA OLAFSDOTTIR

C’est toute l’histoire du livre Miss Islande et je vais vous laisser le lire pour avoir la réponse à ces questions. Surtout que la fin est très surprenante ! En tout cas moi j’ai d’abord été surpris par la décision d’Hekla, et puis je l’ai comprise et je l’ai acceptée, avec un fond de tristesse. C’est la vie. C’est sa vie.

LA BEAUTÉ DANS LES CHOSES simples DE LA VIE

Ísey écrit aussi. Pendant sa grossesse, elle commence à tenir une sorte de journal dans un cahier de brouillon pour écolier. Elle parle d’elle, de son quotidien et de la beauté qu’elle trouve dans le ciel, dans la pluie, dans un rayon de soleil. Elle écrit beaucoup, jusqu’à parfois délaisser le ménage ou son enfant. Elle le cache aussi à son mari, qui ne comprendrait pas.

Elle est heureuse d’écrire, elle n’a pas besoin de plus. C’est mon personnage préféré du livre. Ísey est très émouvante, et je vous partage ici des extraits la concernant qui m’ont beaucoup plu.

« — Je cache mon journal intime au fond du seau dont je me sers pour faire le ménage. Lydur ne comprendrait pas que je passe mon temps à écrire sur des choses qui n’existent pas ou qui n’existent plus.

Le passé, c’est le passé, dit-il.

Pourtant, le week-end dernier, alors que nous étions couchés, il m’a dit : Raconte-moi notre soirée, Ísa, comme ça, j’aurais l’impression que c’est celle de quelqu’un d’autre. C’est la plus jolie chose qu’il m’ait jamais dite. Ensuite, il m’a serré dans ses bras.

Elle s’emmitoufle dans son gilet.

— Une fois que j’ai écrit dans mon journal, je me sens aussi bien que si j’avais plié tout le linge et fait tout le ménage. »

Miss Islande, Auður Ava Olafsdottir

« — Tu vas t’en aller voir le monde, et moi je resterai ici en espérant que le poissonnier emballera mon aiglefin dans un poème ou un roman-feuilleton. »

Miss Islande, AUÐUR AVA OLAFSDOTTIR

CE QUE J’EN AI PENSÉ

Miss Islande m’a beaucoup touché. J’aime beaucoup les livres qui parlent d’écriture, ou plutôt qui parlent du désir d’écrire. Ils me donnent souvent très envie de m’y mettre moi-même. J’en ressors plein de mots dans la tête, plein d’entrain pour les coucher sur le papier.

Et puis ces trois personnages sont très attachants. Fait intéressant : c’est moins Hekla, le personnage principal qui m’a plu, qu’Ísey et Jón John, que j’ai trouvé tous deux très émouvants. Le personnage d’Ísey surtout, je ne suis pas près de l’oublier je pense. Et j’aime quand des personnages de romans restent pour un temps dans nos vies.

OÙ TROUVER LE LIVRE Miss Islande ?

Le dernier livre de Auður Ava Olafsdottir est sorti le 5 septembre aux éditions Zulma. Vous le trouverez sans aucun mal dans toutes les bonnes librairies près de chez vous.

QUE LIRE APRÈS ?

Plus je lis des livres islandais, et plus je veux découvrir cette littérature qui me parle et me touche. Dans ma liste des prochains livres à lire, j’ai donc ajouté :

  • Le garçon qui n’existait pas, Sjón
  • L’île, Sigríður Hagalín Björnsdóttir
  • Karitas, Kristín Marja Baldursdóttir
  • Entre ciel et terre, Jón Kalman Stefánsson

Miss Islande, Auður Ava Ólafsdóttir est un livre qui se passe en Islande.

3 Commentaires

  1. Chocoladdict 06 / 09 / 2019

    Je crois que je vais beaucoup aimer le personnage d Isey je m y reconnais d après ce que tu en dis dans ce besoin d écrire sans envie de publier des livres pour autant et par le bien que cela lui procure.. Et puis un grand merci pour la liste à la fin depuis que j ai découvert Stefánsson j’ai dans l’idée que c’est une littérature particulièrement poétique qui résonne fort chez moi (et plus que de la poésie)

    • Florian 06 / 09 / 2019 — Le Dévorateur

      Merci à toi d’avoir lu jusqu’au bout ! Cette liste, c’est seulement le top des livres islandais que je veux lire là maintenant tout de suite, mais il y en a tellement d’autres (à commencer par tous les Stefansson et tous les Olafsdottir !). Si tu le lis bientôt, n’hésite pas à me redire ce que tu en penses, et notamment du personnage d’Isey, qui est si intéressant !

  2. Domi 22 / 03 / 2022

    Si je peux me permettre, je te suggère tous les livres d’Audur (Audur Ava ?).
    A chaque roman on retrouve de la poésie, partant souvent d’histoires banales (comme ici on dirait) :
    une jeune fille handicapée et ses déboires, ses envies, ses rêves ;
    une sage femme plus toute jeune célibataire qui vit dans l’appartement de sa tante ;
    un berger qui va braver la tempête avant Noël pour récupérer les derniers moutons égarés (peut-être c’est Jón Kalman Stefánsson qui l’a écrit celui-là) ;
    la vie d’une femme aux parents excentriques, sa trajectoire, moitié perdue, moitié poête, moitié bohème sur le continent.
    Le tout en Islande, sorte de Lune sur notre planète. Le temps paraît plus long, on profite des éclaircies, même sur le continent.
    Et puis en dehors du commerce avec l’extérieur (la religion du café), ce territoire paraît tout à fait hors du monde.
    Je n’ai plus les titres en tête (désolé), ils sont faciles à retrouver.

    Et j’ai donc fait le tour, mais toujours pas lu Miss Islande. Comme une carte qu’on étudie avant de suivre un sentier…

Laisser un commentaire